Selim Adel Abdel Haq
La Syrie n’a cessé de donner naissance à l’histoire et aux hommes, civilisation après civilisation, et homme après homme, chacun transmettant le flambeau à son successeur, et les ancêtres ne se sont jamais lassés de créer.
le 14 décembre 1913. Dès son plus jeune âge, il attira l’attention de ses parents et de son entourage par son intelligence aiguë et sa grande attention aux détails. Il suivit son éducation en deux étapes : la première débuta en 1919 lorsqu’il entra à l’école primaire Al-Bahsa, puis à l’école primaire Al-Malik Al-Adel ; ensuite, il poursuivit ses études secondaires à Damas, complétant les cycles préparatoire et secondaire. Par la suite, il intégra l’École des instituteurs où il obtint son diplôme.
Comme les diplômés de l’École des instituteurs n’étaient pas autorisés à poursuivre leurs études à l’Université syrienne, et que le ministère de l’Éducation envoyait certains étudiants brillants à l’étranger, il eut l’opportunité d’être envoyé en France, marquant le début de la deuxième étape de sa vie consacrée à l’apprentissage et à l’acquisition des connaissances. À Paris, Salim Adel Abdel Haq vécut avec un groupe de jeunes envoyés à l’étranger, qui deviendront plus tard des figures éminentes de l’État et de l’éducation dans divers domaines. Il obtint une licence en histoire de l’art, suivie d’un diplôme de l’Institut du Louvre en arts et archéologie, et étudia parallèlement l’urbanisme à Paris, domaine dans lequel il décrocha également un doctorat.
Tout cela se déroula avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, avec les difficultés que celle-ci engendra pour les étudiants à l’étranger. Durant ses études doctorales, il rencontra sa future épouse Andréa Jean Mobier, avec qui il eut deux enfants : un fils et une fille, Samir, docteur en urbanisme, et Mai, spécialisée en sciences politiques.
Salim Adel Abdel Haq commença sa carrière professionnelle comme instituteur dans les écoles primaires de Damas en 1933, à l’âge de vingt ans, puis fut nommé professeur dans les lycées de Damas en 1940. De retour de France en 1945, il fut nommé conservateur général du Musée national de Damas, succédant au prince Jaafar Al-Husseini, qui avait dirigé le musée depuis sa création initiale en 1935.
Il convient de rappeler que le Musée national de Damas fut fondé en 1919 sous le nom de « Division des antiquités et des bibliothèques » rattachée au « Diwan des connaissances », dirigé par l’érudit Mohammad Kurd Ali. Abdo Kahil fut chargé de la gestion de la division à sa création. Elle se trouvait alors dans une petite pièce de l’école Al-Adliyya, avant de devenir le « Musée royal » après le couronnement du roi Fayçal en 1920, sous la direction de Mahmoud Wahbi, jusqu’au retour du prince Jaafar Al-Husseini en 1935 après ses études en France, et le déménagement vers le siège actuel du musée, conçu par l’ingénieur français Écouchard.
Ainsi, en 1945, le Dr. Salim Adel Abdel Haq devint conservateur du Musée national de Damas et fut peu après chargé d’enseigner à la Faculté des lettres, département d’histoire, de 1948 à 1964, notamment l’histoire romaine et byzantine. Il enseigna également l’histoire de l’architecture à la Faculté de génie civil de Damas entre 1959 et 1964, se distinguant par son style rigoureux et captivant, son langage fluide et sa rhétorique éloquente.
En 1950, il fut nommé directeur général des Antiquités. Sous sa direction, le Musée national de Damas et la Direction générale des Antiquités devinrent des centres d’excellence scientifique et pratique. Il promulgua la loi syrienne sur les antiquités, reconnue par l’UNESCO comme modèle, et fit traduire le texte en français. Il établit également le règlement interne de la direction générale, offrant aux employés des spécialisations indépendantes et organisant le travail de manière professionnelle.
Il supervisa l’expansion du musée et la création de nouvelles directions : Ingénierie, Fouilles, Recherches, Musées, Inspection, et Documents historiques (fondée par le Dr. Mohammad Nader Al-Attar). Il réalisa plusieurs extensions du musée national, inaugurant en 1947 et 1955 de nouvelles salles pour les sections islamiques et orientales, ainsi que la Salle chamienne dans les années 1960, offerte par Jamil Mardam Bey. Il divisa le musée en quatre sections : Ancienne Syrie, Classique, Islamique et Moderne, chacune dirigée par un conservateur sous la supervision d’un conservateur principal.
Il entreprit la restauration de l’école Al-Jaqmaqiya pour en faire un musée de calligraphie arabe, ouvert finalement en 1983, et créa le Musée des traditions populaires (Palais Al-Azm) avec l’ethnographe Shafik Al-Imam, considéré comme l’un des plus beaux musées au monde pour son emplacement et sa conception. À Hama, il fonda un musée des arts populaires au Palais Al-Azm et supervisa le transfert de la façade occidentale du palais Al-Hayr de Palmyre au musée de Damas. Il transforma également la cathédrale historique de Tartous en musée après restauration.
Entre 1935 et 1955, les politiques patrimoniales conservaient les découvertes archéologiques dans les musées de Damas et Alep. En 1955, après des fissures menaçant les collections du musée d’Alep, il organisa un concours international pour reconstruire un nouveau musée, remporté par deux architectes yougoslaves. Les lions monumentaux de Tell Halaf furent placés à l’entrée, redonnant vie au deuxième plus grand musée du pays.
Sous sa direction, tous les sites archéologiques furent documentés scientifiquement, chaque bâtiment ayant un dossier complet avec études historiques, plans et photographies, constituant un outil précieux pour chercheurs et visiteurs. Un atelier spécialisé fut également créé pour restaurer les pièces archéologiques délicates.

